Quel rôle des responsables politiques?

Tout d’abord, il faut être quand même prudent lorsqu’on parle de désinformation. Il y a tout un spectre à la désinformation et sa définition ne fait pas toujours consensus. Toutefois, à son niveau le plus élevé, on pourrait définir la désinformation comme une forme de propagande qui vise à tromper les gens en leur faisant croire des informations fausses ou trompeuses.

Écoutez l’entrevue du 30 janvier 2023 sur CBC – Radio-Canada

Les stratégies de désinformation peuvent prendre différentes formes, comme la manipulation de l’information, la fabrication de fausses nouvelles, la désinformation dans les réseaux sociaux ou encore faire émerger des théories du complot. Elle est généralement utilisée pour influencer les opinions politiques, les croyances religieuses ou les décisions d’achat.

La forme la plus fréquemment utilisée et banalisée par les politiciens c’est la promesse électorale. Une fois élu, on ballait les promesses faites ou on trouve des excuses pour ne pas voir se réaliser le fruit de ces promesses. Malheureusement, il arrive aussi parfois que certaines personnalités politiques aillent plus loin en affirmant délibérément de fausse information, pensons simplement à l’ex-président américain qui a affirmé à plusieurs reprises que les élections de novembre 2020 étaient truquées, et ce sans jamais en faire la démonstration preuve à l’appui.

Cependant, en temps de crises, le secteur public est-il vraiment désavantagé par ses contraintes? Dans chacun des exemples, l’appareil politique a su donner des ressources et des moyens d’agir, qui vont même parfois jusqu’à frapper l’imaginaire, afin que l’unité administrative puisse répondre adéquatement à la volonté politique. Principalement grâce à sa logique politique exempte des rationalités économiques propres au secteur privé l’État peut déployer des moyens financiers colossaux et ainsi intervenir dans l’économie au nom de l’intérêt commun. Il peut aussi mettre en place lois, décrets et règlements afin d’alléger certaines lourdeurs administratives ou encore contraindre certaines libertés individuelles. En résumé, l’État joue un rôle de régulation capital en temps de crise, il a le pouvoir de se doter de toutes mesures exceptionnelles pour faciliter l’application des décisions qui répondent à des besoins sociétaux. Un pouvoir qui, bien évidemment, sans être soumis à un débat démocratique à l’Assemblée nationale pourrait ouvrir la porte à des mesures abusives et illégitimes.

Les principales conséquences sont l’effritement de la confiance envers nos décideurs publics ainsi que la polarisation sociale. Les chercheurs et psychologues sociaux étudient fréquemment les fondements de la polarisation, dans les plus récentes recherches, autant en Amérique qu’à l’échelle mondiale, la polarisation politique est en hausse. Il n’en fait plus de doute, que l’implication des nouveaux médias contribue à la polarisation politique, idéologique, affective et fausse. Mais les recherches mettent en lumière trois sources sociétales qui contribuent à ce phénomène : et la première source est le rôle que joue les élites politiques, en second les médias partisans qui reproduisent et amplifient leur message et en dernier la dynamique des médias sociaux.

Les processus de polarisation institutionnelle (élites, médias et médias sociaux) contribuent aux perceptions erronées de la division de l’électorat, qui peuvent à leur tour contribuer à un cycle autoentretenu alimentant l’animosité (polarisation affective) et la polarisation idéologique réelle au fil du temps.

Les résultats directs de cette polarisation sociétale sont vastes, allant d’un frein à la croissance jusqu’à des troubles civils et à l’approfondissement des fissures politiques. C’est particulièrement inquiétant puisque certains éléments indiquent que la polarisation croissante contribue au déclin des démocraties et à la montée des régimes hybrides.

Malheureusement, on a encore très peu fait pour restaurer la confiance et le caractère démocratique des institutions.

Au niveau de nos politiciens, restaurer la confiance passera par le « walk the talk », les politiciens doivent cesser de faire des promesses électorales clientélistes qu’ils n’ont pas l’intention de réaliser. Ils doivent sans compromis, passer de « la parole aux actes ». Ils doivent donner l’exemple, briller par leur sens de l’éthique et leur imputabilité.

Au niveau de nos institutions démocratiques, il est grand temps d’envisager une réforme de celles-ci afin qu’elles soient plus représentatives. Il est nécessaire de redonner aux électeurs la valeur de leur voix démocratique pour que chaque vote compte.

Et finalement, les citoyens, nous aussi avons notre part de responsabilité. On sait qu’avec les médias sociaux il est devenu plus facile de diffuser de la désinformation à grande échelle. C’est pourquoi il est important, plus que jamais de ne pas partager des informations sans les avoir vérifiées auprès de sources fiables et reconnues pour éviter de contribuer à la propagation de la désinformation.

La part de la population mondiale vivant dans des pays autocratiques passant de 5 % en 2011 à 36 % en 2021. Seuls 13 % de la population mondiale vit actuellement sous une démocratie libérale, contre 44 % sous une autocratie électorale. (World Economic Forum, 2023)

Notre arme la plus puissante pour lutter contre la désinformation, ça reste avant tout l’éducation et le dialogue.

Écoutez l’entrevue du 30 janvier 2023 sur CBC – Radio-Canada


SL, Positif Cabinet de relations publiques